Comment les communautés ont fait preuve de résilience à l'époque du Covid-19
Alors que le TWG – FCAS (Groupe de Travail sur les Contextes Fragiles) conclut les discussions sur “Covid-19 dans les Contextes Fragiles”, nous présentons un blog couvrant les témoignages de nos membres et inerlocuteurs (1 au Mali et 2 en Mauritanie) pour partager un récit d’expériences positives dans la gestion/réponse au Covid -19 relatés par leurs communautés, un groupe d’intérêt ou les représentants de l’un ou l’autre.
Témoignage 2. Haidara, Mali
L’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère à coronavirus 2 (SARS-CoV-2) apparu à Wuhan en décembre 2019 est rapidement devenue une pandémie mondiale majeure avec une forte morbimortalité. Le Mali n’est pas resté en marge des autres pays plus précisément la région de Mopti qui était sous le poids de la crise sécuritaire et de la pandémie du covid-19. Ainsi face un virus qui a mu tous les systèmes de santé les plus performants et efficace, la psychose s’installe du côté des soignants des pays sous développes notamment au Mali. Le système du Mali n’étant pas prêt à faire face à un tel fléau, il fallait une résilience solide pour le contenir. L’HSD-Mopti a eu son 1er cas confirmé le 15 Avril 2020 entre le manque crucial de moyens (matériels, ressources humaines et financière), les agents de santé ont été mis au cœur de la prise en charge. Entre inquiétude et panique de la population car personne ne connaissait les manifestations directes, ni le degré de gravité chez un patient à un autre. L’état du Mali dans le cadre de la PEC a décidé de doter les hôpitaux de 80 millions pour acheter rapidement du matériel pour assurer des soins nécessaires pour les patients atteints. L’HSD-M a décidé de constituer une équipe de coordination (Anesthésiste-réanimateur, Pharmacien, Biologiste et la direction) et 4 équipes spéciales détachées de toute autre activité pour uniquement s’occupé de la PEC des cas de covid-19. L’équipe était constituée d’un Médecin, 2 infirmiers et un hygiéniste pour une garde de 24h de 08h au lendemain 08h. les moyens étaient manquants (absence de combinaison ou de masque ou de Gant) mais on y est parvenu grâce au courage et la détermination du personnel qui au péril de leur vie ont ténue à s’occuper des malades. Ainsi tous les cas confirmés ont été admis d’office dans les sites de prise en charge y compris les formes simples sans complication. Très vite les capacités d’accueil de notre site ayant été dépassées certains patients sans complications ont été suivis à domicile par du personnel qualifié. Ce suivi a consisté en une visite biquotidienne avec contrôle de température et surveillance des signes cliniques. Parmi ces 43 patients suivis, nous n’avons enregistré aucune complication ni décès. La guérison était déclarée sur la base de critères cliniques (amendement ou disparition des symptômes pendant au moins 3 jours consécutifs) et d’arguments biologiques (deux résultats consécutifs de PCR négatifs prélevés à 24 heures d’intervalle). Il est à note pendant la période de PEC 5 agents de santé ont été contaminés et l’agent comptable de l’HSD-Mopti qui ne s’en est pas sorti malheureusement. Nous avons Nous avons enregistré jusqu’au 31 décembre 2021 un taux de guérison de 94,3% tandis que la létalité a atteint 5,7% exclusivement dans la tranche d’âge 60 ans et plus. Le plus difficile a été la compréhension de la population qui voyait le covid-19 un moyen pour les agents de santé pour se faire de l’argent d’où l’augmentation des cas car les mesures barrières malgré les séances de sensibilisation à la radio, télé et au niveau locale par des campagnes. Le Plus important nous avons eu des patients atteints de comorbidité (VIH, Diabète et HTA) que nous avons pu sauver grâce à nos bouteilles d’oxygène et une dynamique surveillance des équipes de PEC. Beaucoup ont des témoignages et de remerciement à l’endroit du personnel soignant en retournant sain et sauve chez eux.
Témoignage 2. Gnokane, Mauritaniei
La pandémie de Covid-19 a frappé la Mauritanie le 13 mars 2020 et des lors la riposte a été déclenchée sur toute l’étendue du territoire national. Au niveau de Bababé, l’ECM avait mis en place le système de triage au centre de santé, organisé une formation sur les mesures préventives au profit des agents de santé et en collaboration avec les volontaires communautaires, la mairie et société civile un système de veille at alerte surtout le long du fleuve avec la frontière sénégalaise a été mise en place. Personnellement ce qui m’a le plus marqué lors de cette riposte ce sont les couvre-feux très précoces à 16h et vu le niveau socio-économique de la population rurale pas mal de familles ont été impacté par ces mesures allant de la vendeuse du couscous du soir, au vendeur de bétails, les boutiquiers etc… Le second aspect qui m’a le plus marqué c’est cette collaboration entre acteurs de la santé et communautés pour mener ensemble des activités de sensibilisation et création d’outils d’aide préventive notamment le dispositif de lavage des mains local appelé TIP TAP.
Témoignage 3. Amadou Kane, Mauritanie
J’ai vécu la période de la pandémie (démarrage et premiers mécanismes de riposte) dans deux fonctions. La première (Mars 2020 en Mauritanie) en étant coordinateur médical de l’ONG médicos del Mundo (MdM) en Mauritanie et la seconde (Août 2020) dans le poste que j’occupe au sein d’ENABEL jusqu’à présent. A l’instar de tous les pays du monde et de manière plus marquée comme des pays en voie de développement à système de santé encore faible, nous avons senti de plein fouet la Covid-19. Le premier défi fut d’abord de s’informer et de réactualisé ses connaissances. Etant « la personne ressource es science » de la structure il fallait tant bien que mal répondre à de nombreuses interrogations tant en milieu professionnel que privé. Ceci nous mena à refaire une forme de recherche et ce, à la fois dans les publications, les sites référencés et toute forme de médias. Lutter contre les rumeurs était primordial. Par ailleurs la réorganisation des modèles de réunions à travers l’utilisation des téléconférences nous permit en dépit de qualité de connexion pas toujours fameuse d’avoir plus de participants à des séances de formation que ne pouvait permettre les plus grandes salles du pays. C’était un grand pas car permettait d’avoir dans un même « câble » des experts du monde entier engagés dans la riposte. Par ailleurs de manière spécifique, Nous avons réaménagés nos interventions en fonction des mesures barrière mais aussi des nouvelles conditions locales imposées notamment le couvre-feu. Nous avions des unités de prise en charge spéciales (USPEC) de victimes de violences basées sur le genre pour lesquelles il y avait été mis à disposition un numéro de téléphone permettant de donner des informations sur les VBG mais aussi d’orienter les victimes vers les structures médicales. Ne pouvant plus se déplacer, il était mis à leur disposition un véhicule muni d’une autorisation de déplacement qui les ramassait dans les quartiers d’où elles appelaient. Le respect des distanciations le port de masque était de mise dans les véhicules. Cette adaptation pensée par tous les membres de l’équipe santé/genre de MdM et d’autres partenaires aura permis dans un moment difficile de maintenir l’appui à ces personnes vulnérables. Au cours de la seconde phase de la riposte en poste dans la Moughataa (District) de Dar Naim, des investigations menées auprès de certaines structures de santé de la place ont permis d’objectiver comme tout le monde qu’elles avaient subi une désorganisation de l’offre de soins pour les populations dans un premier temps et petit à petit, Il émergea des idées ayant permis de réduire l’affluence des patients dans des structures parfois exiguës de réduire leur temps d’attente tout en diversifiant les soins. Les équipes soignantes se sont divisées en deux avec des agents montant le matin et d’autre l’après-midi. Les soins du matin et de l’après-midi étaient différents mais complémentaires. Ainsi l’APSDN, organisation locale responsable de ces structures trouva le moyen de maintenir ses activités en prenant en compte la nouvelle donne.
Credit photo: WHO Photos